L’Alsace (02/2009)

La Barbe Bleue, on ne badine pas avec Charles Perrault. La compagnie La Cordonnerie est doublement l’hôte de Momix, avec deux productions musico-cinématographiques. Mardi soir, hommage à Charles Perrault. Si vous aimez Walt Disney, il vaut mieux s’abstenir…
Sur scène, un pianiste, un guitariste batteur, un bruiteur, une conteuse. Sur l’écran, le remake cinématographique du vrai conte de Charles Perrault, La Barbe bleue. L’histoire d’un homme certes riche et de fière allure, mais mystérieux et sombre… Celle d’un serial killer qui collectionne les cadavres de femmes tout au fond du couloir, dans le petit cabinet rouge… Rien à voir avec une version édulcorée fabriquée dans les studios Disney. Dès les premières minutes du film, l’atmosphère est pesante. Les auteurs ont choisi de replacer cette effrayante aventure dans le contexte des années 30, avec des dames élégantes, des messieurs à moustaches, des belles tractions avant et des routes de campagne désertes.
L’humour, certes un peu noir, surgit à tous les instants.
Sur la scène, la musique sculpte la dramaturgie, tout comme la voix inquiète de la conteuse… Pour que tout cela prenne plus de réalité encore, on fait grincer les gonds des portes, résonner le bruit sourd des pas, on débouche aussi le champagne et pétiller les bulles du verre de la condamnée… La célèbre réplique  » Anne, ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir ?  » ponctue une scène digne de Psychose. Même pas peur ? L’issue heureuse de l’histoire n’a pas complètement rassuré tous les spectateurs ! Mais après avoir affronté La Barbe bleue, on peut dire qu’on est vraiment un grand !
Cette proposition audacieuse a probablement dérangé certains parents. On ne revient pas toujours indemne d’un spectacle de Momix !