Le Progrès (04/2014)

En images et en musique, « Hamlet » comme vous ne l’avez jamais vu.
Un spectacle souvent drôle, ludique, et passionnant, qui facilite l’accession au chef-d’oeuvre de Shakespeare.

Avec son langage parfois cru et ses histoires entrecroisées, « Hamlet » n’est pas fait pour toutes les oreilles. En tout cas, pas dans le texte original qui, au début du XIXe siècle, a inspiré Charles Lamb et sa sœur Mary, auteurs de « Contes d’après Shakespeare », version édulcorée des grandes pièces. Ici, il n’est plus question d’Ophélie, des comédiens et des rôles secondaires. L’action se concentre sur Hamlet, super-héros vengeur d’un régicide qui a placé son oncle sur le trône du Danemark.
Créateurs de spectacles musicaux et cinématographiques, Samuel Hercule et Métilde Weyergans se sont emparés de ce digest (1 h 15 au lieu des 4 heures habituelles). En amont, ils ont tourné un film, muet et en couleur, dont les images nous projettent dans un château en ruine au bord de l’océan. Les costumes militaires suggèrent une dictature filmée par Almodovar. Les deux maîtres d’œuvre incarnent lui, le Prince, elle la Reine, Philippe Vincenot, Claudius.
Les images défilent sur le fond de scène du Théâtre de la Croix-Rousse, devant les quatre protagonistes. Deux musiciens, un pianiste et une percussionniste, réalisent un habillage sonore séduisant, entre jazz et musique minimaliste. Samuel Hercule et Métilde Weyergans prêtent leur voix aux personnages et « bruitent » le film avec des objets improbables. C’est souvent drôle, toujours intelligent, plein d’astuces. Loin d’être un ersatz d’« Hamlet », ce spectacle réconcilie petits et grands autour d’un grand mythe.