L’express (02/2018)

 

Du spectacle vivant, très vivant. La scène est occupée par deux musiciens, un écran de cinéma et trois comédiens. Dans la peau de Don Quichotte, imaginé par Métilde Weyergans et Samuel Hercule, de la compagnie la Cordonnerie, redonne des couleurs au héros des Cervantès en l’imaginant bibliothécaire solitaire et souffreteux, devenu au passage de l’an 2000, sauveur des âmes seules, et amoureux. Une histoire d’hier et de toujours racontée dans un film sans son que les comédiens bruitent en direct – un soufflet pour le halètement d’un chien, des guirlandes froissées pour une marche sur le sable… -, aidés par une formidable musique signée Timothée Jolly et Mathieu Ogier. Il reste à citer Philippe Vincenot, alias Don Quichotte, et le monde est complet. Il faut tous les nommer car leurs performances valent à elles seules le déplacement.

Mais il y a évidemment autre chose que cette précision technique et artistique : animer le désir et le plaisir du spectateur, qui écoute et regarde le spectacle en passant à sa guise d‘un lieu de la scène à l’autre, est une façon de le mettre au centre du débat, pas comme acteur, mais comme citoyen capable de juger à bonne distance de ce qu’on lui raconte sans être jamais dupe. Le théâtre devrait s’en inspirer plus souvent.