La Terrasse (01/2024)

Samuel Hercule et Métilde Weyergans créent 4,7% de liberté : une rêverie pleine de drôlerie et d’intelligence

Ils nous ont enthousiasmés, en 2020, avec Ne pas finir comme Roméo et Juliette. Les deux fondateurs de la Compagnie La Cordonnerie, Samuel Hercule et Métilde Weyergans, ouvrent aujourd’hui leur univers sensible et poétique à un groupe d’artistes tout juste diplômés de l’ENSATT*. Ils créent 4,7 % de liberté, une fable contemporaine pleine de drôlerie qui donne vie à de magnifiques champs d’imagination.

 

D’ordinaire, Samuel Hercule et Métilde Weyergans sont sur scène, travaillant à réaliser, en direct, les voix et les bruitages des films qui composent leurs étonnants ciné-spectacles. Mais leur nouvelle proposition met le cinéma de côté pour se consacrer au théâtre. Marraine et parrain de la 82ème promotion de l’ENSATT, les deux auteurs-metteurs en scène quittent momentanément le plateau pour offrir une belle opportunité aux élèves qu’ils ont accompagnés, durant trois ans, lors de leurs parcours d’étude à Lyon : prendre pleinement part au processus de création de La Cordonnerie en participant à un spectacle présenté un peu partout en France. Créé en novembre dernier au Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines, programmé au Théâtre des Abbesses à Paris, ce projet artistique pensé comme un objet de transmission et de partage est une grande réussite. D’abord, parce qu’on y retrouve l’essence de l’univers si particulier, si talentueux, de Samuel Hercule et Métilde Weyergans (nourri des belles musiques de Timothée Jolly et Mathieu Ogier). L’entrelacement du cinéma et du théâtre n’est plus de mise, mais la singularité de l’écriture est la même, conférant à 4,7 % de liberté une profondeur insolite : entre étrangeté, malice et mélancolie.

 

Une rêverie théâtrale sur le prévisible et l’imprévisible

Sur scène, Andréas Chartier, Lucie Garçon, Fanny Godel-Reche, Garance Malard, Lucas Martini, et Séraphin Rousseau incarnent avec une éclatante justesse les personnages d’un monde traversé de secousses et d’incertitudes. Ici, point de stéréotype ou d’idée reçue. Plongés dans une esthétique proche de celle d’une bande dessinée, les femmes et les hommes de cette histoire (lointainement inspirée de La Chèvre de monsieur Seguin) sont infiniment touchants. Ils naviguent entre prévisible et imprévisible pour questionner la singularité de chaque être, la possibilité de sortir du rang, les débordements de l’intime qui déterminent nos personnalités et nos aspirations. Parmi eux, Axelle et Axel, un couple d’ingénieurs statisticiens qui, ne parvenant pas à avoir d’enfant, décident de devenir famille d’accueil. Ils font ainsi la connaissance de Blanquette, une adolescente fan de films d’horreur et de hula hoop. Spectacle pour tout public à partir de 8 ans, 4,7 % de liberté déploie à vue les artifices d’un théâtre qui parle aussi bien aux enfants qu’aux adultes. On rit, on rêve, on part en voyage… On est saisi au cœur par tant de délicatesse, par tant d’intelligence.

Manuel Piolat Soleymat – 27 janvier 2024

 

* École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre, située à Lyon.

 

https://www.journal-laterrasse.fr/samuel-hercule-et-metilde-weyergans-creent-47-de-liberte-une-reverie-theatrale-pleine-de-drolerie-et-dintelligence/

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