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Sceneweb (03/2024)
Les statistiques n’aboliront jamais le hasard
A la tête de la Cordonnerie, Métilde Weyergans et Samuel Hercule fabriquent des spectacles hybrides relevant d’une technique très aboutie autant que de l’artisanat le plus ingénieux. Avec 4,7% de liberté, ils confrontent leur démarche à la 82ème promotion de l’ENSATT dont ils sont les marraine et parrain. Le résultat est une franche réussite et les jeunes interprètes témoignent d’une belle habileté à habiter leur univers.
Léger changement de paradigme pour Métilde Weyergans et Samuel Hercule, plus connus sous le nom de leur compagnie La Cordonnerie qui s’est fait une spécialité et une marque de fabrique de mixer théâtre, musique et cinéma en des spectacles protéiformes dont la virtuosité technique au service de la narration déploie une poétique scénique unique. Leur dernière création, 4,7% de liberté, est portée par de jeunes interprètes issus de la 82ème promotion de l’ENSATT, six au total, et si l’esthétique volontairement désuète et bricolée, n’a pas bougé, la dimension cinématographique à l’œuvre habituellement n’est pas exploitée ici. Au profit du plateau et de ce savant mélange d’artisanat et d’effets visuels puissants dont il et elle ont le secret. Et ce goût immodéré pour les histoires qu’ils savent échafauder à quatre mains à partir de notre patrimoine littéraire populaire. Après Roméo et Juliette (Ne pas finir comme Roméo et Juliette), Don Quichotte (Dans la peau de Don Quichotte), Blanche Neige (Blanche Neige ou la chute du mur de Berlin) et Hamlet ((super)Hamlet), figures mythiques à chaque fois largement détournées, réinventées de fond en comble et passées à la moulinette de leur singularité, Métilde Weyergans et Samuel Hercule puisent à la source d’Alphonse Daudet dans l’une des célèbres nouvelles issue des Lettres de mon moulin, La Chèvre de monsieur Seguin, matière à réfléchir et imaginer autour d’une notion toute philosophique et on ne peut plus concrète : la liberté. Et le prix à payer pour. Ou plutôt, les conséquences autour.
Ne cherchez pas le brave Monsieur Seguin par ici mais Axel et Axelle, jeune couple en mal d’enfant. Ils se sont rencontrés par hasard au parc de la Tête d’Or à Lyon mais est-ce le ressort du hasard quand deux statisticiens portant le même prénom au masculin et au féminin se rencontrent ? Quant à Blanquette, elle n’est ni une chèvre éprise de liberté ni leur fille biologique mais une adolescente renfrognée placée chez eux dans le cadre de l’ASE – L’aide sociale à l’enfance. Les voilà devenus famille d’accueil. Blanquette n’est pas aisée à apprivoiser, elle a besoin d’air et son hobby favori consiste à regarder des films d’horreur qui ne lui font même pas peur quand elle ne fugue pas à ses heures perdues. La cohabitation est compliquée, les parents de substitution se font un sang d’encre à chaque escapade de la petite sauvageonne et leur quotidien si bien réglé se fracasse contre les pics d’adrénaline et les montagnes russes émotionnelles qu’elle leur fait vivre. Il y a aussi un berger dans l’histoire mais on ne va quand même pas tout dévoiler.
Ce qui est merveilleux dans le geste artistique de Métilde Weyergans et Samuel Hercule, c’est cette attention aux détails, qu’ils soient textuels ou scéniques, et cette intime conviction qu’ils font la différence. Ce qui est le cas. Alternant narration contée et dialogues sur le vif, le récit avance de rebonds en échos et sa saveur tient dans la finesse des fils qui le tissent. Humour et délicatesse ne se font pas de l’ombre et la pensée à l’œuvre dans l’intrigue, en l’occurrence l’enjeu de la liberté dans nos vies, se fond dans la trame sans peser. De plus, la faculté de Métilde Weyergans et Samuel Hercule à convoquer des images, qu’elles soient dans nos têtes ou au plateau, dessine un paysage, des ambiances, que la partition sonore complète avec fantaisie. En effet, si la dimension filmique présente dans leurs précédentes pièces, n’est pas utilisée dans 4,7% de liberté, le bruitage en direct l’est et donne corps et relief aux tableaux qui s’enchaînent. Les interprètes se partagent les rôles, protagonistes et bruiteur.ses, avec une fluidité à l’égal de la rythmique générale. Que l’on soit autour de la table de la cuisine familiale, en voiture, dans un TER, dans le bureau de l’ASE, dans une rue déserte, au bord de la mer ou sur un chemin de montagne, le public voyage avec les personnages, s’attache à leurs motivations, s’inquiète pour les uns et les autres et sa réflexion chemine en même temps que l’intrigue se déploie.
Qu’est-ce qu’être libre dans un quotidien qui est un amas de contraintes, un déroulé millimétré d’actions prévisibles, un maillage serré d’obligations et de tâches à effectuer ? Jusqu’où peut-on anticiper son existence ou ne serait-ce que le jour d’après ? Que faire de l’inquiétude pour l’autre ? Autant de questions qui parcourent en arrière- plan ce spectacle baigné de mélancolie et de la superbe composition musicale originale de Timothée Jolly et Mathieu Ogier. Quant aux six comédien.nes de l’ENSATT (belle distribution homogène et prometteuse), ils nous invitent à plonger dans cette histoire attachante et émouvante parcourue de saillies drolatiques. Comme ces réveils sismiques qui font trembler les murs du foyer, comme ces échappées adolescentes qui font trembler l’édifice familial, comme ces moments de vacillement où le réel bifurque, n’est-ce pas là, et justement là que se situe l’expérience de vivre ? Et grandir n’est-ce pas prendre des risques en connaissance de cause ? Il n’y a pas de morale à proprement parler à cette fable moderne qui explore la mince zone de libre-arbitre dans l’inexorable enchaînement des causalités et questionne les conditions du vivre ensemble mais la tournure des situations nous amène à revoir sous un autre jour la fin sans appel du conte. Et offre une bouffée d’air.
Marie Plantin – www.sceneweb.fr – 1er mars 2024
https://sceneweb.fr/47-de-liberte-de-metilde-weyergans-et-samuel-hercule/
La Terrasse (01/2024)
Samuel Hercule et Métilde Weyergans créent 4,7% de liberté : une rêverie pleine de drôlerie et d’intelligence
Ils nous ont enthousiasmés, en 2020, avec Ne pas finir comme Roméo et Juliette. Les deux fondateurs de la Compagnie La Cordonnerie, Samuel Hercule et Métilde Weyergans, ouvrent aujourd’hui leur univers sensible et poétique à un groupe d’artistes tout juste diplômés de l’ENSATT*. Ils créent 4,7 % de liberté, une fable contemporaine pleine de drôlerie qui donne vie à de magnifiques champs d’imagination.
D’ordinaire, Samuel Hercule et Métilde Weyergans sont sur scène, travaillant à réaliser, en direct, les voix et les bruitages des films qui composent leurs étonnants ciné-spectacles. Mais leur nouvelle proposition met le cinéma de côté pour se consacrer au théâtre. Marraine et parrain de la 82ème promotion de l’ENSATT, les deux auteurs-metteurs en scène quittent momentanément le plateau pour offrir une belle opportunité aux élèves qu’ils ont accompagnés, durant trois ans, lors de leurs parcours d’étude à Lyon : prendre pleinement part au processus de création de La Cordonnerie en participant à un spectacle présenté un peu partout en France. Créé en novembre dernier au Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines, programmé au Théâtre des Abbesses à Paris, ce projet artistique pensé comme un objet de transmission et de partage est une grande réussite. D’abord, parce qu’on y retrouve l’essence de l’univers si particulier, si talentueux, de Samuel Hercule et Métilde Weyergans (nourri des belles musiques de Timothée Jolly et Mathieu Ogier). L’entrelacement du cinéma et du théâtre n’est plus de mise, mais la singularité de l’écriture est la même, conférant à 4,7 % de liberté une profondeur insolite : entre étrangeté, malice et mélancolie.
Une rêverie théâtrale sur le prévisible et l’imprévisible
Sur scène, Andréas Chartier, Lucie Garçon, Fanny Godel-Reche, Garance Malard, Lucas Martini, et Séraphin Rousseau incarnent avec une éclatante justesse les personnages d’un monde traversé de secousses et d’incertitudes. Ici, point de stéréotype ou d’idée reçue. Plongés dans une esthétique proche de celle d’une bande dessinée, les femmes et les hommes de cette histoire (lointainement inspirée de La Chèvre de monsieur Seguin) sont infiniment touchants. Ils naviguent entre prévisible et imprévisible pour questionner la singularité de chaque être, la possibilité de sortir du rang, les débordements de l’intime qui déterminent nos personnalités et nos aspirations. Parmi eux, Axelle et Axel, un couple d’ingénieurs statisticiens qui, ne parvenant pas à avoir d’enfant, décident de devenir famille d’accueil. Ils font ainsi la connaissance de Blanquette, une adolescente fan de films d’horreur et de hula hoop. Spectacle pour tout public à partir de 8 ans, 4,7 % de liberté déploie à vue les artifices d’un théâtre qui parle aussi bien aux enfants qu’aux adultes. On rit, on rêve, on part en voyage… On est saisi au cœur par tant de délicatesse, par tant d’intelligence.
Manuel Piolat Soleymat – 27 janvier 2024
* École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre, située à Lyon.
https://www.journal-laterrasse.fr/samuel-hercule-et-metilde-weyergans-creent-47-de-liberte-une-reverie-theatrale-pleine-de-drolerie-et-dintelligence/
L’Affaire L.ex.π.Re
L’Affaire L.ex.π.Re
D’un côté, il y a le désir féminin qui fait vaciller l’ordre établi. Il y a Racine, les mystères de la vie et de l’amour. Il y a Hippolyte, la peur du vide et le trac.
De l’autre côté, il y a l’attente, la solitude et l’habitude. Il y a la banquette transformable d’un mobile-home. Des instants suspendus et la nuit qui remplace le jour.
D’un côté, il y a Natacha Wouters, une comédienne belge. Sans compagnon et sans enfants, en tournée avec Phèdre. Elle aime le Japon, le café et les trains.
De l’autre côté, il y a Max, un homme moustachu et taciturne, sans emploi déclaré ni attaches, qui ne s’anime que la nuit venue. Il aime ne rien aimer à part peut-être, l’âne du champ d’en face.
Entre ces deux êtres que tout sépare, il y a « L.ex.π.Re », un fil invisible qui ne cesse de raccourcir.
Placée au centre d’un dispositif scénique bi-frontal immersif, « l’affaire L.ex.π.Re », questionnera la notion de point de vue en mettant en scène deux personnages qui vivent des évènements diamétralement opposés, dans des temporalités et des lieux différents, en ayant pourtant la même bande sonore.
Disposés de part et d’autre d’une scène surplombée d’un écran, les spectateurs suivront d’un côté, la journée de Natacha Wouters dans un théâtre à l’italienne où elle s‘apprête à jouer Phèdre, une journée qu’un péril imminent semble vouloir menacer, et de l’autre, les pérégrinations nocturnes, s’étalant sur plusieurs jours, de Max, homme laconique et mystérieux, passant comme une ombre des terrains vagues aux beaux quartiers.
La performance live – l’interprétation, les bruitages, la musique – qui donnera vie aux images projetées, sera la même pour les deux histoires : une seule et même partition pour deux destins, pour un polar haletant et décalé : à la vie, à la mort !
Générique
Texte, réalisation, mise en scène : Métilde Weyergans et Samuel Hercule
Musique originale : Timothée Jolly et Mathieu Ogier
Avec : Métilde Weyergans, Samuel Hercule, Timothée Jolly, Mathieu Ogier
Création sonore : Adrian’ Bourget
Création lumière : Sébastien Dumas
Conception machinerie : Frédéric Soria
Régie générale : Pierrick Corbaz
Production, administration : Anaïs Germain, Caroline Chavrier
Distribution en cours
Durée : environ 1h15
Production : La Cordonnerie
Coproductions : Malraux, scène nationale Chambéry Savoie / Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines, scène nationale / Les Quiconces et l’Espal, scène nationale Le Mans… (en cours)
Musique « 4,7% de liberté »
Les Trois Coups (07/2023)
Deux coups de cœur pour finir la saison à Lyon
Entre une fin de saison très dense et l’ouverture des festivals, impossible de résister au plaisir de partager ces découvertes : « Les Messagères » de Sophocle jouées par neuf jeunes Afghanes dirigées par Jean Bellorini et « 4,7% de liberté » de Samuel Hercule et Métilde Weyergans, parrain et marraine de la 82° promotion de l’Ensatt.
Ces deux spectacles n’ont en réalité rien de commun, si ce n’est de prouver une grande maîtrise de la scène, de dégager une vraie puissance émotionnelle et de recueillir un accueil enthousiaste du public. Tout cela n’arrive pas par hasard, mais par la conviction et la confiance de metteurs en scène généreux qui se sont engagés auprès de très jeunes gens, certes expérimentés, mais encore inconnus. Ces derniers les ont menés en pleine lumière sur la grande scène du TNP, pour les unes, sur le lancement d’une tournée que beaucoup de leurs aînés envieraient, pour les autres.
Revenons sur les circonstances du choix de ces jeunes Afghanes : 2021, retour des Talibans au pouvoir. Le metteur en scène afghan Naim Karimi, qui fait travailler l’Afghan Girls Theater Group, lance un appel au secours auquel répondent conjointement Joris Mathieu, directeur du TNG, et Jean Bellorini, directeur du TNP de Villeurbanne. Deux ans après, ces jeunes exilées ont appris le français et ont choisi de travailler avec Jean Bellorini sur une œuvre universelle qui résonne fortement pour elles, Antigone de Sophocle. C’est peu dire qu’ensemble ils ont transformé l’essai.
Quant au destin de 4,7% de liberté, il constitue une grande première. Certes l’Ensatt joue rituellement son rôle de rampe de lancement de ses étudiants, mais cette tournée impressionnante est à mettre au crédit de Samuel Hercule et Métilde Weyergans, qui ont œuvré bien au-delà de leur rôle de parrain et marraine pour propulser leurs filleuls sur les plateaux de France.
Chœur d’Antigone
Si Jean Bellorini a fait le choix du dari pour les Messagères, il a confié à Mina Rahnamaei et Florence Guinard (la discrète co-directrice du TNP) la version française des surtitrages. Moderne, ramassée, évitant d’encombrer le regard par des cartons inutiles, cette traduction limpide et efficace est un véritable atout.
On retrouve aussi dans ce spectacle la « pâte » de Bellorini, sa science des images jamais illustratives, toujours chargées de sens malgré la recherche de la perfection esthétique. Ainsi le décor est-il réduit à un grand bassin rectangulaire empli d’eau qui miroite et occupe une grande partie du plateau : au gré du spectacle, il sera terrain de jeu pour ces presqu’enfants qui s’ébattent en pleine liberté, l’eau imprégnant leurs longues robes, révélant leur jeunesse et leur sensualité, puis mare de sang. Surplombant ce bassin, une lune immense se métamorphose, tout à tour astre mort et joyau de pierres précieuses. La musique de Sébastien Trouvé tisse habilement résonnances persanes et occidentales.
Enfin ce chœur de femmes est subtilement chorégraphié, comme si leur avenir et leur présent se conjuguaient au pluriel. Il est de ce fait un peu difficile d’en extraire une pour en dire toutes ses qualités de comédienne. Créon n’est pas sans évoquer les talibans, leur cruauté et leur ivresse de pouvoir. Cet ensemble donne une tonalité et une puissance actualisées à ce mythe vieux de plus de 2 000 ans.
Blanquette se rit du loup mais se méfie des adultes
Les fans de La Cordonnerie savent qu’au départ de leurs spectacles, il y a toujours un conte, une fable, parfois un drame shakespearien ou un grand roman espagnol. Cette fois-ci, c’est La Chèvre de monsieur Seguin d’Alphonse Daudet. Bien entendu, il s’agit pour Samuel Hercule et Métilde Weyergans, non de raconter, mais de se distancier, de se décoller de l’objet originel pour mieux réfléchir sur sa morale et en tirer une bien différente.
Ici Blanquette est une adolescente difficile, à laquelle les services sociaux doivent sans cesse chercher des familles d’accueil qu’elle s’empresse de fuir. À y regarder de plus près, elle n’est pas si difficile que ça, juste affamée de liberté, jalouse de ses secrets et très désireuse d’être aimée pour ce qu’elle est (mais cela, elle ne le sait pas). Les hasards de la vie vont la conduire chez Axel et Axelle, deux statisticiens, deux universitaires, mi professeur Tournesol, mi Gaston Lagaffe en jupe. Le double axel ils s’appellent ! Ces deux-là ont choisi de devenir famille d’accueil d’une ado mais l’attendent comme un nourrisson. Il y a maldonne. Le narrateur nous en prévient dès le départ : ça va mal finir. Mais pas comme on croit ! Il y a toujours des surprises avec La Cordonnerie. Leurs tours de magie prennent à tous les coups.
C’est un spectacle savoureux, inventif, malin, tendre, intelligent qui se suit passionnément grâce à un narrateur qui nous guide et nous sème en même temps, avec des comédiens aux petits oignons. À ne pas réserver qu’aux ados ! Cette belle digression sur comment l’amour vient aux parents et aux enfants, sur la dose de pudeur et de délicatesse nécessaire, parle à tous. Un vrai coup de cœur !
Trina Mounier, 2 juillet 2023
tertre
tertre
Le double Axel18 % de la population est persuadée d’avoir vu un fantôme.
43 % des pilotes de ligne admettent qu’ils s’endorment parfois pendant les vols.
Les couples se disputent en moyenne 312 fois par an (et le plus souvent le jeudi vers 20 h)
Voilà le genre de considérations qui occupent les journées d’Axel et Axelle, un couple fusionnel d’ingénieurs statisticiens multi-diplômés, surnommé « le double Axel » par leurs collègues de la Faculté des Sciences de Grenoble.
utrruue
14% des couples n’arrivent pas à avoir d’enfant.
Après avoir tout essayé pendant plusieurs années, ils ont finalement décidé de devenir famille d’accueil. Ils ont suivi une formation et obtenu l’agrément. Quand on leur a demandé de choisir une tranche d’âge, c’est la case « 13-17 ans » qu’ils ont cochée.
– Vous êtes sûrs ? Leur demanda Madame Dermano, de l’aide sociale à l’enfance.
C’est ainsi qu’un matin, Blanquette, une jeune fille de 15 ans, débarqua chez eux.
Et là, c’est le début d’une autre histoire…
Générique
Texte et mise en scène : Métilde Weyergans et Samuel Hercule
Musique originale : Timothée Jolly et Mathieu Ogier
Assistanat à la mise en scène : Sarah Delaby-Rochette
Avec les élèves de la 82ème promotion de l’ENSATT :
Jeu : Lucie Garçon, Fanny Godel-Reche, Garance Malard, Lucas Martini, Séraphin Rousseau et en alternance Andréas Chartier et Matthieu Roulx.
Scénographie : Justine Baron, Léa Tilliet
Régie générale création : Mathis Arbez, Boris Ahiha
Création et régie son : François Geslin, Louen Poppé
Création et régie lumière : Mathilda Bouttau, Arthur Chauvot
Régie de production costume : Thelma Dimarco-Bourgeon, Valentine Issanchou
Atelier costume : Célestin Car, Inès Catela, Apolline Coulon, Louise Daubas, Emma Euvrard, Angèle Glise, Aurore Guillemenot, Mathilde Hacker, Lola Le Cloirec, Loïc Nédélec, Lola Pacini, Morgane Pegon, Marie Stephan et Manon Surat
Construction : Frédéric Soria
Régie générale et plateau tournées : Pierrick Corbaz, Sébastien Dumas
Production, Administration : Anaïs Germain et Caroline Chavrier
Tout public à partir de 8 ans
Durée : environ 1h20
Production : La Cordonnerie/ L’ENSATT
Coproduction : Le Volcan – scène nationale du Havre, Le Théâtre de la Ville – Paris, Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines – scène nationale
AGENDA 2023/24
Premières représentations du 24 juin au 5 juillet 2023 au Théâtre Laurent Terzieff / ENSATT, Lyon en partenariat avec les Nuits de Fourvière
Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines, scène nationale
du 28 novembre au 2 décembre
Le ZEF, scène nationale de Marseille
14 et 15 décembre
Le Volcan, scène nationale du Havre
24 et 25 janvier
La Filature, scène nationale de Mulhouse
du 8 au 10 février
Théâtre de la Ville / Les Abbesses, Paris
du 27 février au 2 mars
Le Quai, cdn Angers – Pays de la Loire
du 14 au 16 mars
Scènes et Cinés, Istres
4 et 5 avril
Nanterre-Amandiers / Maison de la musique, Nanterre
25 et 26 avril
Le Maillon, Théâtre de Strasbourg-scène européenne
du 15 au 17 mai
Le Monde (01/2023)
Ne pas finir comme Roméo et Juliette au Monfort théâtre, à Paris : quand l’amour s’épanouit par-delà le pont et les conventions
La compagnie La cordonnerie invente un spectacle d’une poésie folle, porté par une mise en scène inventive
Ils s’appellent Romy et Pierre. L’une et l’autre vivent de chaque côté d’un pont que personne ne traverse jamais, en vertu d’une interdiction ou d’une impossibilité mystérieuses, jamais formulées par les autorités. Ne pas finir comme Roméo et Juliette, que l’on peut voir au Monfort Théâtre, à Paris, puis en tournée en France, raconte leur histoire. Et c’est une petite merveille de spectacle, qui confirme le talent de la compagnie La Cordonnerie pour inventer un théâtrecinéma tout public de haut vol, et d’une poésie folle. Il était une fois deux villes séparées par un pont, donc, il était une fois Romy et Pierre, dont l’histoire ne s’inspire que lointainement de la pièce de Shakespeare, même si le grand Will traverse tout le spectacle comme une figure tutélaire et bienveillante. Romy vit du côté où les êtres sont devenus des invisibles, des créatures dont l’existence-inexistence s’incarne dans des corps de pantins aux visages lisses et aux yeux doux.
Romy, qui est championne de ping-pong dans sa partie du monde, perd son père. Et, comme celui-ci avait rêvé, toute sa vie, de voir un jour la mer, elle transgresse l’interdit : elle traverse le pont pour aller disperser ses cendres dans l’océan. Invisible aux yeux des humains qui vivent de ce côté-ci du monde, elle n’en rencontre pas moins Pierre, et tous deux tombent amoureux l’un de l’autre, pris par l’amour vrai, celui qui va au-delà du visible. Pierre est un vieux garçon doux et solitaire, journaliste-écrivain à ses heures. Il vit avec son chat, prénommé Othello, et son grand œuvre, c’est un horoscope shakespearien à haute teneur poétique, qu’il délivre chaque jour à la radio de la ville.
Sens du détail
Métilde Weyergans et Samuel Hercule, les animateurs de La Cordonnerie, sont à la fois metteurs en scène, cinéastes, auteurs, comédiens et bricoleurs. Ils racontent l’histoire à leur manière, qui dissocie les plans de narration entre le jeu sur le plateau, les images projetées sur l’écran, la musique, interprétée en direct, le bruitage, l’animation d’objets divers et la conception de créatures d’ordre marionnettique. Et c’est ce dispositif, superbement maîtrisé tout en gardant un côté résolument artisanal, qui envoûte et réjouit, ouvrant grand les portes de l’imaginaire.
Tout concourt ici à créer un climat, une atmosphère où l’on entre avec bonheur, qu’il s’agisse des magnifiques images portuaires et maritimes, tournées au Havre, du choix raffiné d’objets vintage ou du sens du détail en toutes choses : autant d’éléments qui viennent soutenir la capacité des deux créateurs à donner vie à des personnages on ne peut plus attachants.
Métilde Weyergans et Samuel Hercule ont l’élégance de ne jamais tirer trop lourdement les fils de leur histoire. A chacun de laisser jouer les belles métaphores que file le spectacle, sur toutes les frontières – géographiques, sociales, raciales, humaines, transhumaines… – que l’homme peut se créer dans son besoin de toujours vouloir dominer un « autre » créé de toutes pièces. A chacun de méditer les résistances à inventer, l’amour impossible qui peut toujours devenir possible, quand deux êtres se trouvent par-delà les assignations édictées par leur société. Quitte à choisir de devenir invisible, de passer sous les radars, pour échapper à l’ordre en place, surtout quand il ne dit pas son nom.
Fabienne Darge / Le Monde / 25 janvier 2023
Podcast France culture
Par les temps qui courent : Ciné-roman de Samuel Hercule & Métilde Weyergans “Blanche Neige ou la chute du mur de Berlin” en tournée…
Podcast Radio France
Auteurs dramatiques, metteurs en scène, comédiens, le tandem de la Compagnie La Cordonnerie, Samuel Hercule et Métilde Weyerganz revient à la scène avec « Dans la peau de Don Quichotte », et fait une relecture personnelle du mythe.