Ne pas finir comme Roméo et Juliette
(Ni vue ni méconnue)
On commence à bien les connaître, Métilde Weyergans et Samuel Hercule, de la compagnie La Cordonnerie. Ils n’ont pas leur pareil pour revisiter contes et fables. « Blanche-Neige », « Hansel et Gretel », « Don Quichotte ». Leur truc : réécrire le texte originel, le transposer à nos jours, puis en tirer un film muet, le projeter pendant le spectacle, produire bruitages et effets sonores sous nos yeux, en bidouillant, froissant, tordant, manipulant tout un bric-à-brac d’objets du quotidien, sans oublier de jouer les dialogues et la musique, en direct. C’est original, ludique, joyeux.
Avec « Roméo et Juliette », ils se sont surpassés. Ici nos héros se nomment Romy et Pierre. La première est championne de ping-pong. Le second, un écrivain qui signe des horoscopes « shakespeariens », diffusés à la radio. Elle vit d’un côté du pont. Lui, de l’autre. Mais voilà, elle est invisible, lui visible. Amour impossible, rencontre improbable, obstacles à volonté…
Le côté fantastique n’est pas maladroit ? Non. Visuellement ce n’est pas ridicule ? Non. Le film est plein de finesse et de poésie. Les images sont superbes. Les cadrages, très soignés. Tout cela avec un brin de mélancolie qu’apportent la déco et les costumes années 70.
Sur scène, ils sont 4 : les deux auteurs-acteurs-metteurs en scène-doubleurs et deux musiciens multi-instrumentistes. Le plateau ne se limite pas à la fabrication des sons. L’action s’invite aussi sur la scène. Mais n’en disons pas davantage. Juste ceci : les spectateurs, petits et grands, se délectent de ces trouvailles, sont tenus en haleine 1h25 durant et découvrent une façon inattendue d’aborder la question de la méfiance envers l’autre.
Bref, La Cordonnerie continue de nous épater !
Mathieu Perez (05.01.2022)